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Recloses, mon village du Gâtinais français

Histoire du village à travers les âges

La Renaissance de Recloses à la fin de la guerre de Cent Ans : mais qui étaient donc ces familles qui ont repeuplé le village abandonné pendant plusieurs décennies ?

1ère partie

La Renaissance de Recloses à la fin de la guerre de Cent Ans : mais qui étaient donc ces familles qui ont repeuplé le village abandonné pendant plusieurs décennies ?

Un épisode particulièrement sombre et tragique de l’Histoire de Recloses m’a toujours intrigué ; il est ainsi relaté dans la rubrique « Histoire » du site Internet de la commune : « Puis vint la guerre de Cent Ans, Recloses comme les communes environnantes subit son lot de pillages par les hordes anglaises et armagnac. Les habitants survivants partirent tous en direction des villes, seulement quelques-uns revinrent à partir de 1440. Pendant une quarantaine d’années tout ne fut que ruines et désolation ». Cet épisode est également évoqué brièvement dans l’ouvrage « Recloses, son histoire » rédigé par Ernest Filâtre, curé de Recloses, et publié en 2004. Dans les deux cas toutefois, les auteurs de ces récits ne citent pas leurs sources qui semblent donc ne relever que de la « tradition orale ». Mais surtout ils ne répondent pas à la question : qui étaient donc ces familles qui redonnèrent vie à Recloses au XVe siècle?

La réponse figure pourtant dans la note d’un historien éminent de notre région, Charles-Henry Waddington. Cette note, que j’ai consultée à la médiathèque de Fontainebleau, est intitulée : « Note sur la dépopulation des campagnes gâtinaises pendant la guerre de Cent Ans et leur reconstitution économique ». Elle a été publiée en 1929 dans les Annales de la Société historique et archéologique du Gatinais.

Résumé de la note de Charles-Henry Waddington

Cette note relate l’histoire de trois villages, Recloses, La Chapelle-la- Reine et Boissy-aux-Cailles, pendant les dernières années de la guerre de Cent Ans. Quelques autres villages des environs sont également évoqués au fil des pages.

Pour les trois principaux villages étudiés, Charles-Henry Waddington resitue très précisément les événements relatés dans leur contexte historique ; il distingue deux périodes :

– La première, à partir des années 1420/1430, correspond à une phase de dépopulation presque totale. Les trois villages étudiés furent désertés, leurs habitants fuyant principalement vers les villes avoisinantes : Melun, Fontainebleau, Montereau, Moret, Nemours, Château-Landon… plus sûres, même si toutes ces villes furent prises et occupées par l’armée Anglo-bourguignonne entre 1420/1437. Dans la campagne la production agricole fut brutalement interrompue et les terres agricoles retournèrent à l’état de friches, de broussailles et de forêts.
– La seconde, à partir de 1460/1480, correspond au repeuplement progressif des villages et à leur reconstruction économique par une population nouvelle ; selon l’auteur « les nouveaux habitants étaient originaires tout au moins du Beaujolais, du Limousin, du Vendômois, d’Anjou, de Touraine, de Normandie »…

Les dates ainsi retenues par Charles-Henry Waddington correspondent tout à fait à la période la plus chaotique de la guerre de Cent ans. Rappelons en effet qu’en marge de la guerre entre la France et l’Angleterre, la guerre civile entre Bourguignons et Armagnacs fit rage de 1407 à 1435 ; la plupart des campagnes françaises furent ravagées, pillées et rançonnées par les hommes de troupe qui vivaient pour ainsi dire « sur le pays », en particulier pendant les nombreuses périodes de trêve. À l’époque qui nous intéresse, les exactions étaient commises en particulier par les « Ecorcheurs ».

Héritiers des « routiers » et des « grandes compagnies » du XIVe siècle, ces « Ecorcheurs » semblent avoir surpassé ces derniers par leur cruauté et la terreur qu’ils faisaient régner dans les campagnes. Ils ont sévi dans la quasi-tota- lité des régions françaises, de la Normandie à l’Alsace en passant par la Picardie, l’Ile de France, la Bourgogne et la Lorraine au hasard des conflits et de leurs intérêts. À noter que certains historiens affirment qu’ils étaient, en temps de guerre, « au service » du roi Charles VII et des Armagnacs ou qu’ils s’en réclamaient… Les exactions des Ecorcheurs ont été abondamment documentées par plusieurs historiens dont Joseph de Fréminville (« Les Ecorcheurs en Bourgogne, 1435- 1445 »), Christophe Furon (« Gens de guerre en hiver : le cas des Ecorcheurs durant l’hiver 1438-1439 ») et Valérie Toureille (« Robert de Sarrebrück ou l’honneur d’un écorcheur »).

On notera également que les églises, fortifiées au début de la guerre de Cent Ans, ont contribué à protéger les villages en alertant les habitants en cas d’arrivée de bandes armées. Malheur toutefois aux villages dont les habitant opposaient aux brigands la moindre résistance…

 

(Fin de la 1ère partie)

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